La libraire lit, mais pas tout ... et parfois, elle fait appel à l'avis éclairé d'amis, de confrères, de bloggeurs.
Vous trouverez donc ici la chronique de ce livre (que je me réserve pour les vacances), dont je connais bien les auteurs et leurs écrits.
Tout au long de leurs publications, ils ont montré qu'écrire à 4 mains, 2 "moitiés d'orange", peut être une formidable expérience.
De leur tétralogie des "Voies de l'ombre" avec un anti-héros dont on se souvient parfois mieux que des "gentils", à leur avant dernier "Les murs de sang", qui montre une grande qualité d'écriture, ils ont abordé, ensemble ou séparement, des univers très différents mais à chaque fois avec beaucoup de talent.
Je vous laisse donc avec Ludo ...
"« W3, le sourire des pendus » est le premier tome d’une
nouvelle série de thrillers écrite par
Nathalie Hug et son mari Jérôme Camut.
Une collaboration qui dure, pour preuve les
références, plus ou moins flagrantes, distillées à droite et à gauche dans ce
nouveau roman, issues aussi bien de leur
bibliographie à quatre mains (la tétralogie des « voies de l’ombre »,
« Les yeux d’Harry ») que de
leurs œuvres solos respectives
(« Malhorne », « La demoiselle des tic-tac »)).
En peu de temps, ces deux auteurs
sont devenus une référence, pour moi, comme le sont Stephen King ou Serge
Brussolo, au point que d’attendre d’acheter leur livre au-delà de la date de la
sortie m’est devenu très difficile voire impossible. Dès lors que j’ouvre un de
leur livre je sais qu’il me sera difficile de le refermer ; si une légère
appréhension subsiste, elle est vite balayée dès que l’intrigue commence à se
développer.
Nathalie Hug et Jérôme Camut en
sont venus à créer leur propre univers
au travers d’un style d’écriture unique qui laisse transparaitre une forte sensibilité.
Une cohérence étayée également
par des personnages remarquables qui explorent à chaque fois la nature
humaine ; aussi bien dans ce qu’elle a de plus louable que dans ses pires
excès.
Le
thriller saupoudré d’anticipation leur réussit sans doute plus
particulièrement, mais assurément ils peuvent ambitionner à s’essayer à
d’autres genres.
« W3, le sourire des pendus »
s’inscrit dans cette veine. Les nouveaux protagonistes que les auteurs mettent
en place captivent le lecteur qui n’a de cesse de suivre leurs péripéties, même
si leur préférence ira à tel ou tel d’entre eux.
Des personnages
« humains » qui touchent le lecteur, avec leurs points forts et leurs
fêlures.
Ilya Kalinine, à sa façon, se
révèle aussi charismatique que Kurtz (cf « Les voies de l’ombre »).
Plus tôt cette année, j’ai eu
l’occasion de redécouvrir Philippe Besson au travers son livre « L’enfant
d’octobre » traitant de l’Affaire Gregory et de me faire une opinion plus
précise de cette histoire qui s’est déroulée durant mon enfance.
Fait divers, un des premiers « médiatisé »,
cité, à raison, dans « le sourire des pendus», dont une partie de
l’intrigue se passe dans les Vosges où Léon Castel réside.
Incidemment, cet homme, engagé
dans le combat des familles victimes des incohérences du système judiciaire, va
venir en aide à Valentin Mendès, dont la sœur Laura, chroniqueuse télé, a
disparu.
Ambitieuse, la jeune femme
travaillait, apparemment, à la rédaction d’un dossier sur une affaire d’assassinat
irrésolue une décennie plus tôt ; les époux Moreau, abattus dans
d’horribles circonstances, dont les deux
petites filles n’ont pas été retrouvées après la mort de leurs parents.
Les approches pour aborder ce
roman sont en réalité diverses : on
y trouve en effet un aspect sulfureux non négligeable au travers du portrait
des déviances sexuels de nos contemporains, mâtiné de légendes urbaines telles
que les « snuff movies », qui trouvent ici une effrayante
crédibilité.
L’axe de lecture le plus classique étant
l’enquête policière que mène Sookie, la fille de Léon, qui inspire le nom de ce
premier volume, et qui débute dans des circonstances, là aussi de plus
hasardeuses.
« Le sourire des
pendus » c’est également une critique du monde des médias, de notre
société de consommation. Un thème déjà abordé dans « Malhorne »
(roman de Jérôme Camut, réédité chez Bragelonne, avec une nouvelle couverture,
à l’occasion des dix ans de la maison d’édition) au travers du personnage de
Nemo.
Le nouveau roman de Nathalie Hug
et Jérôme Camut c’est surtout 750 pages de matière dense, qui mène à réfléchir,
une fois la poussée d’adrénaline dû au
suspens retombée.
La suite est attendue avec
impatience."